Quand je pense que trois années se sont déjà écoulées depuis mon entrée à l’école, je n’arrive pas à y croire. Le 25 septembre 2015. J’avais à peine 17 ans. Avec seulement mon baccalauréat en poche et aucune expérience. Le journalisme m’a toujours intéressé. Pourtant je ne pensais pas que c’était fait pour moi. Trop timide, une orthographe approximative, une voix trop aiguë et un léger manque de confiance en moi. Mais j’avais quand même espoir.
À partir du moment où je me suis inscrite à l’école, j’ai beaucoup travaillé. Je faisais des dizaines de dictées pour améliorer mon orthographe. Je testais ma culture générale. Je ne laissais passer aucune information.
Les premiers jours de médias réels ont été compliqués. J’étais très timide. Tout ce qu’on me demandait me paraissait irréalisable. Heureusement, au départ nous n’étions pas seuls. Petit à petit, tout est devenu plus simple. Je me suis habituée à partir seule. J’ai aussi pris confiance en moi.
Je suis persuadée que les cours de médias réels ont été vraiment importants dans notre formation. C’est notre premier lien avec le terrain, sauf qu’on est là pour tenter. Nous n’avons pas la pression d’une rédaction. Si on échoue ce n’est pas catastrophique. Au contraire, les professeurs sont là pour soulever les points négatifs. C’est vraiment ce que j’ai préféré durant mon Bachelor.
Pendant mon premier stage à Agora Côte d’azur, j’étais avec une étudiante en communication option journalisme. C’était son tout premier contact avec une rédaction. Elle ne connaissait pas le terrain. Son option ne comportait que des cours théoriques. Bizarrement j’avais l’impression d’avoir déjà de l’expérience face à elle. Quand mon maître de stage me demandait de faire des interviewes ou bien du montage, je n’avais aucun problème avec cet exercice. Je n’ai pas eu besoin d’être formée. C’était un véritable atout.
Cela a été la même chose pendant mon deuxième stage à Cannes Radio. J’ai côtoyé des étudiants en IUT info com. En deux ans, ils n’avaient fait qu’un seul cours de radio, sans jamais avoir fait de montage. Ils n’étaient jamais allés sur le terrain. C’était la différence entre eux et moi. J’avais l’impression d’être opérationnelle. Je sais faire de la prise de son, d’ailleurs je suis équipée pour. Je peux faire un enrobé, un reportage, des papiers. Bien sûr, je maitrise le montage audio.
Tous les cours sur le terrain sont à chaque fois des mises en situation extrêmement réalistes. On est journaliste dès notre entrée à l’école. Oui je me sens armée pour aller sur le terrain.
Chez mes grands-parents, il y avait une radio. Elle était allumée du lever du soleil à son coucher. « *Tin tin tin tin* vous écoutez Europe 1, il est 8 heures ». Les yeux grands ouverts je m’asseyais devant ce poste et j’écoutais l’actualité défiler. À côté de moi, mon grand père lisait Nice-Matin accompagné de son café du matin. C’était le rituel du matin. Ma passion vient de là. Mon amour du métier est né ici. Longtemps j’ai pensé qu’être journaliste était impossible, qu’il n’y avait pas d’école. Alors j’avais abandonné l’idée dans un coin de ma tête.
Ma passion pour l’actualité ne m’a jamais quitté. À l’époque où lire le journal était un devoir pour les autres, c’était une habitude pour moi. Je lisais, j’écoutais, je regardais tout. Pourtant l’idée d’être un jour moi-même journaliste ne me semblait pas réalisable.
C’est au moment où on nous demande de choisir ce qu’on souhaite faire plus tard, que je me suis dit « Et si je tentais de leur répondre journaliste ? Qu’est-ce qu’ils diront ? ». Je l’ai dit. J’ai eu ma réponse. « Journaliste ? Mais pourquoi ? Tu sais qu’il faut faire beaucoup beaucoup d’étude pour faire ça ? Tu es sûre ? » Oui, je l’étais seulement j’ai encore repoussé mon ambition. Tant pis je ferai autre chose.
Plus le temps passe et moins je m’imagine faire autre chose que journaliste. J’envie Claire Chazal, Bruce Toussaint et Jean-Jacques Bourdin. Comment on-t-il fait eux ?
Claire Chazal a échoué son concours d’entrée à l’ENA et a commencé en faisant des piges pour Europe 1.
Bruce Toussaint a réussi une école de journalisme à Montpellier.
Jean-Jacques Bourdin a été chauffeur livreur et vendeur d’assurance avant d’être aidé pour rentrer au service sport de RTL.
Alors pourquoi je ne pourrais pas être journaliste moi aussi. J’ai arrêté d’écouter mes professeurs. Je décide de prendre rendez-vous avec la conseillère d’orientation pour m’aider à trouver une formation adaptée.
« Ah journaliste ! Ça va être compliqué. Vous ne voulez pas faire du commerce plutôt c’est plus simple et super sympa ». Mais pourquoi tout le monde veut m’empêcher de faire ce que je veux ?
C’est vrai que je n’ai jamais été la meilleure de ma classe. J’étais plus souvent dans la moyenne. Quelques difficultés en français mais surtout en maths. Malgré tout cela, je n’ai jamais échoué. Personne n’a le droit d’arbitrer ma vie. C’est pleine d’ambition que je suis rentrée dans cette école.
Voilà, je pourrais dire que c’est tout cela qui alimente ma vocation. Ce que je veux c’est prouver à tous ceux qui n’ont pas cru en moi qu’ils avaient tort. Montrer à tout le monde de quoi je suis capable.
Réussir est pour moi une vengeance. Une revanche sur les professeurs, la conseillère d’orientation, qui ont douté de mes capacités et de mon ambition.
Je pense que le métier de journaliste est une vocation et c’est la mienne. Michel Field disait : « Aimer le journalisme, c’est d’abord aimer son quotidien, et pas seulement ses exploits ». Je partage la même vision des choses. Il ne faut pas chercher à être journaliste pour être une star. Ce n’est pas cela le but, celui qui pense ça n’a rien compris. Justement un journaliste doit se faire petit, observer et informer.
Il faut faire des sacrifices, être impliqué à cent-pour-cent dans ce que l’on fait. Il n’y a jamais de vacances, l’actualité ne s’arrête jamais. En même temps est-ce que c’est un travail si celui-ci est une passion ?
Ce qui ne m’a jamais quitté c’est la passion de l’information. J’ai toujours été abonnée à des journaux. Tous les six mois je change, pour avoir une vision plus large du traitement de l’information. Sur mon téléphone, j’ai plus de dix applications d’informations, qui m’alertent en temps réel des événements. Bien-sûr quand je suis chez moi ou bien dans la voiture, j’allume tout le temps la radio. Là aussi j’écoute plusieurs stations. Il est important d’écouter plusieurs choses.
Ce que j’aime dans ce que je fais c’est qu’aucun jour n’est semblable à un autre. Nos semaines ne sont jamais les mêmes. Ma hantise est de rester enfermer dans une pièce durant huit heures, assises derrière l’ordinateur. Ce que je veux c’est bouger, sortir, découvrir.
Le terrain est vraiment l’endroit que je préfère. C’est là que nous faisons des dizaines de rencontres, des personnalités que l’ont ne pourra jamais oublier. En seulement trois ans « d’expérience » j’en ai déjà fait de magnifiques.
Il est difficile de se lasser du journalisme. Il y a tellement de sujet, de thème, de choses différentes à traiter que l’on ne peut pas s’ennuyer.
En plus de cela, il y a un continuel renouveau dans le métier. Nous sommes tombés dans une période où le journalisme est en pleine mutation. Tout change. Les modes de consommations de l’information évoluent et donne de nouvelles perspectives aux journalistes.
Les nouvelles technologies en sont la cause. Maintenant, l’information vient des réseaux sociaux. Twitter est le premier médias. Durant les attentats qui ont touché la France, le seul moyen de communiquer avec les personnes sur place était twitter.
Récemment c’est l’apparition du Mobile Journalisme (MOJO) qui a révolutionné la profession. Ce qu’on demande maintenant c’est d’être encore plus mobile qu’avant. Grâce au MOJO, il est possible d’agir partout, n’importe quand. Nos téléphones portables sont dotés de caméra et micro tout aussi puissant qu’une caméra des années 2000. J’aime cette nouvelle façon d’informer, le fait d’être encore plus mobile et connectés qu’on ne l’étaient déjà.
Trois ans, comme ça passe vite… J’ai l’impression que c’était hier. Je rencontrais ma promotion, mes professeurs, la direction. Durant notre première journée, je me souviens que Marie Boselli nous disait « Vous verrez ça va passer à une vitesse ». Et bien, c’est déjà la fin.
Je ne garde que des bons souvenirs. J’ai fait des rencontres que je n’oublierai jamais. Je ne parle pas seulement de mes amis, avec qui j’ai créais des souvenirs mémorables, mais aussi des professeurs, des intervenants, de mes stages. J’ai appris le métier aux côtés de personnes très compétentes. Je garde un très bon souvenir de mes cours de radio avec le fameux Pierre-Louis Castelli. Des cours de web avec le très dynamique Morgan Karim Lebsir. Je suis contente d’avoir fait ma licence à Nice, avec vous. Une chose est sûre, je m’en souviendrai de l’EDJ !